Analyse Comportementale

Au cours d’une rencontre, si nous parvenons à percevoir de manière consciente les indices comportementaux de notre interlocuteur (quel que soit le cadre de ce face à face), nous pourrons le comprendre plus rapidement et aussi plus clairement. Notre objectif est de rendre, grâce à une approche à la fois validée scientifiquement et opérationnelle, le processus d’interprétation des indices perçus – au travers des 6 canaux de communication – plus explicite, plus délibéré et plus prudent.

Comment l’analyse comportementale contribue-t-elle à la sûreté de manière globale ?

1. Introduction

Depuis quelques années, avec en particulier l’apparition de séries télévisées telles que « Lie to me », nous observons un engouement pour la détection du mensonge, le profilage et l’analyse des comportements grâce notamment grâce à l’aspect non-verbal.

Cet intérêt a hélas favorisé le renforcement de certaines croyances populaires erronées sur le sujet, ainsi que la création de pseudosciences. Celles-ci véhiculent des informations non-validées scientifiquement, donc peu fiables voire même pour certaines, simplement erronées.

Or, au même moment, la nécessité de la bonne compréhension de ce sujet est de plus en plus importante. Il est certain que la bonne lecture de l’autre dans son intégralité représente un avantage tactique significatif lors de toute relation humaine. Dans bien des domaines, qu’ils soient professionnels (sûreté, recrutement, négociation, management…) ou privés, la nécessité d’évaluer la sincérité, les pensées, les émotions et les intentions de son interlocuteur est nécessaire.

En particulier, pour faire face aux différentes menaces actuelles, qu’elles soient d’ordre idéologique ou anarchique, organisées ou individuelles, il est aujourd’hui entendu que la technologie, à elle seule, ne suffit pas. (détecteurs de métaux, quid des armes en matériaux composites ; caméra à reconnaissance faciale, quid des personnes non fichées/répertoriées, etc.). Dans ce cadre, il est maintenant communément admis par la communauté des professionnels du secteur que l’analyse comportementale est un élément complémentaire et surtout clé dans la mise en œuvre d’un programme de gestion proactive de la menace

Il est donc important de savoir de quoi l’on parle et de s’assurer que les méthodes évoquées fonctionnent dans des situations opérationnelles à forts enjeux et sont fondées sur des éléments validés scientifiquement.

2. Qu’est-ce que l’analyse comportementale ?

Nos attitudes expriment nos états émotifs et nos pensées. Ce que les mots ne disent pas, le corps l’exprime dans sa réalité immédiate.

Au cours d’un entretien, le rapport repose sur une relation active qui met en jeu le corps, les émotions et les pensées, car l’être humain est un ensemble cohérent de ces 3 aspects. Il est donc important d’associer ce qui est dit et ce qui est vécu, manifestement exprimé par le comportement.

Par conséquent, tout le problème est en réalité de savoir si ce qui est dit est en parfaite adéquation avec ce qui est pensé et ressenti…

Si nous parvenons à percevoir de manière consciente les indices comportementaux de notre interlocuteur (quel que soit le cadre de ce face à face), nous pourrons le comprendre plus rapidement et aussi plus clairement.

Notre objectif est de rendre le processus d’interprétation des indices perçus – au travers des 6 canaux de communication – plus explicite, plus délibéré et plus prudent.

Nous définissons l’analyse comportementale comme suit :

«Il s’agit de la lecture et de l’analyse d’indices comportementaux – verbaux, para-verbaux et non-verbaux – fondés sur l’observation et l’écoute active afin de tenter de comprendre les phénomènes observés».
Blavier A., 2018

3. Principe de base

L’impression que nous avons de l’autre se fonde, en partie, sur le comportement expressif.

Ce comportement véhicule des impressions sur bien plus que la vérité. C’est la principale source d’information sur l’individu : elle permet de savoir s’il est amical, en colère, en réflexion, etc.

Généralement, ces impressions se forment involontairement, sans que l’on soit conscient de l’indice comportemental particulier qui les provoque. Si l’on est conscient de la source de ses impressions, si l’on connaît les règles que l’on suit pour interpréter des comportements spécifiques, il est alors plus facile de les comprendre.

De plus, il a été démontré que l’information sur les pensées et les émotions est véhiculée par 6 canaux. Donc, en plus de l’aspect non-verbal, nous incluons le verbal et para-verbal.

  1. Les expressions faciales – les mouvements de près de 40 muscles dans le visage qui se combinent pour laisser transparaître les émotions actuelles et le processus cognitif. Le travail effectué par Darwin et d’autres scientifiques au 19e siècle a été poursuivi et avancé par le Dr Paul Ekman, et d’autres, de sorte que maintenant nous savons que tous les humains, quelle que soit leur ethnie ou culture, montrent 7 émotions de base de la même manière. De plus, dans certaines circonstances, ces émotions peuvent être dévoilées de façon involontaire en moins d’un cinquième de seconde, révélant les sentiments véritables d’une personne. Ces images passagères sont appelées micro-expressions et nous pouvons tous apprendre à les reconnaître.
  2. Le langage corporel – les signes non-verbaux, autres que faciaux, peuvent révéler ce que nous pensons ou ressentons. La littérature sur le sujet n’est pas toujours très claire et est hautement influencée par les mythes et les variantes culturelles. Malgré cela, le langage corporel peut nous donner un aperçu du processus au niveau des pensées et des émotions.
  3. La voix – les changements de hauteur, de volume et de ton peuvent nous en dire beaucoup sur l’état émotionnel de notre interlocuteur. À partir d’un simple appel téléphonique, vous pouvez entendre ces changements de paramètres et comprendre clairement ce que ressent une personne. En même temps, cet élément est souvent peu maîtrisé et de nombreuses erreurs d’interprétation peuvent se produire.
  4. Le style interactionnel – le flux des mots que nous disons. Si nous savons comment quelqu’un répond normalement, et que nous connaissons sa baseline (comportement de base dans un contexte donné) ou son comportement habituel, nous pouvons apprendre énormément d’un changement de baseline. Si un changement peut être significatif pour les 6 canaux, cela est particulièrement vrai pour le style verbal. Cela peut porter par exemple sur les pauses ou les pauses remplies, le jargon, le bégaiement, les répétitions, etc.
  5. Le contenu verbal – les mots que nous utilisons ou écrivons. Les recherches dans ce domaine remontent à plusieurs décennies et continuent d’évoluer. Les recherches portent sur les éléments qui permettent de distinguer une déclaration crédible, d’une déclaration non-crédible. Cette approche se base sur le principe que cette dernière est quantitativement et qualitativement différente de la première. Cette méthode d’analyse du contenu est un protocole très complet qui permet d’analyser et de catégoriser les récits. Elle permet d’objectiver et de mettre en évidence des éléments (mots) clés qui vous éclairerons sur la crédibilité des propos tenus. Il est particulièrement intéressant de noter, que certains de ces critères (validés) sont souvent opposés aux mythes véhiculés sur le sujet (quantité de détails, etc.). Ceci signifie que sans la connaissance des bons critères / indices, nous passons à côté d’éléments importants et nous pouvons faire de nombreuses erreurs d’interprétation, avec tous les risques que cela représente.
  6. La psychophysiologie – les réactions qui se produisent dans le corps à la suite de changements chimiques et électriques, qui affectent les organes majeurs suite à une réaction émotionnelle ou cognitive. Si ces réactions (aussi appelées indices biométriques) sont représentatives de l’activité du Système nerveux central (SNC) et nécessitent des moyens technologiques pour être mesurées de manière précise, il existe néanmoins plusieurs indices comportementaux et relatifs à l’apparence qui peuvent indiquer ces changements et être observés à l’œil nu.

Donc, si vous possédez les différentes grilles de lecture pour chacun de ces canaux et que vous savez comment les mettre en œuvre, vous serez capable de décoder votre interlocuteur !

4. Le modèle SCAnR®

Nous avons mis au point un modèle déposé d’analyse du comportement verbal, para-verbal et non verbal appelé SCAnR® pour Six Channel Analysis – Real-time ou que l’on peut traduire par « Analyse des Six Canaux en Temps Réel ». Le modèle SCAnR® permet donc l’analyse d’indices (validés scientifiquement) perçus au travers de ces 6 canaux de communication et est validé pour une utilisation dans des contextes où les enjeux sont élevés (tels que la sûreté aéroportuaire,…). Il est enseigné et utilisé par différents département des forces de l’ordre, services de sûreté aéroportuaires, etc.

En développant vos compétences pour lire et interpréter ces comportements avec précision, vous améliorerez considérablement votre capacité à lire, à comprendre et à influencer les autres.

5. Comment développer vos compétences ?

Vous souhaitez développer votre compréhension et vos compétences sur le sujet, nous vous proposons les modules suivants :

D’autres modules sont en développement.
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